La toute dernière génération de TV LCD montre que le constructeur japonais est résolument décidé à maintenir cette technologie au mieux de sa forme. Le Sony KD-75XG95 (de 75 pouces) est une bête pour plusieurs raisons. Passons-les en revue.
N’y allons pas par quatre chemins, la série XG95 de Sony ne fait pas partie des téléviseurs LCD les plus abordables du marché. Déclinée en versions 55, 65 et 75 pouces ces télés sont vendues respectivement 1799, 2600 et 4300 euros… tout de même. Et on va voir tout au long de test que ces taris s’expliquent par de nombreux points forts, en tout cas dans notre version 75 pouces. Oui, attention, le constructeur nous a livré une version 75 pouces, soit la plus grande taille actuellement disponible. Un beau bébé qui se donne les armes pour lutter en frontal avec les meilleurs produits du marché… et on pense forcément aux QLED de Samsung.
Fiche technique
- Tailles d’écran disponibles : 55, 65 ou 75 pouces (140, 165 ou 190 cm)
- Type d’écran : LCD, rétroéclairage Direct LED en local dimming
- Définition : 4K UHD (3840 x 2160 pixels)
- Logiciel : Android TV (8.0)
- HDR : Oui (HDR10, HLG, DolbyVision)
- Connectiques : 4xHDMI (4K, 60 Hz, HDR), 3xUSB, antenne IEC75, 2x satellite, Ethernet RJ45, sortie optique, sortie casque, entrée audio G/D
- WiFi : 5 GHz (802.11ac)
- Bluetooth : 4.2
- Haut-parleur : 2.0 x 10W (Techno Acoustic Multi-Audio)
- Tuner : 2 numériques, 1 analogique, 2 satellites (DVB-T/T2, DVB-C, DVB-S/S2)
- Consommation annuelle : 225 kWh (65″) ou 326 kWh (75″)
- Dimensions : 1228 x 776 x 274 mm (55″) // 1447 x 902 x 333 mm // (65″) ou 1674 x 1036 x 376 mm (75″)
- Poids : 26 kg (55″), 32 kg (65″) ou 49 kg (75″)
- SoC : NA
- RAM : NA
Ce test a été réalisé avec un téléviseur 75″ prêté par Sony.
Des améliorations esthétiques…
On a beau croiser des téléviseurs d’aussi grande taille dans certains magasins d’électronique grand public, l’avoir chez soi, c’est quand même autre chose. Attention, la dalle de ce téléviseur mesure certes 190 cm de diagonale, mais malgré des bords fins, précisons que la bête mesure aussi près de 170 cm de large. Ajoutons qu’un meuble assez profond est à prévoir puisque ce XG75 mesure une quarantaine de centimètres de profondeur au niveau des pieds.
Mais une chose est sûre : durant la semaine pendant laquelle nous avons testé ce monstre, jamais nous ne nous sommes lassés de cet effet waouh provoqué par une surface aussi imposante. Un vrai bonheur renforcé par un tas de petits détails bienvenus… et cela jusque dans la nouvelle télécommande. Un renouveau qu’on attendait vraiment tant le constructeur japonais s’est laissé distancé par ses rivaux coréens sur ce sujet.
On ne trouve toujours pas ici de système gyroscopique pour piloter les menus « dans les airs » comme peuvent le faire les solutions de Samsung et LG, mais cette zappette-là représente un saut qualitatif chez Sony. La face avant en métal brossé et le touché doux des touches sont agréables. On aime aussi le fait que la connexion Bluetooth n’est plus réservée uniquement à la reconnaissance vocale, mais aussi au contrôle des menus. Ainsi, même si le module infrarouge est toujours là, grâce au Bluetooth il n’est plus nécessaire de pointer vers le TV pour interagir avec lui.
… et logicielles aussi
Venons-en maintenant au cœur du sujet : la qualité de l’image. En tant que lecteur de FrAndroid, vous savez à quel point une bonne plateforme matérielle a besoin d’un traitement logiciel à la hauteur pour s’exprimer pleinement. Cela tombe bien, l’une des grandes forces de Sony c’est justement de maîtriser tout ça. Une expertise qui se manifeste dès l’allumage du téléviseur avec une interface Android TV qui répond bien à nos sollicitations. Et ça, qu’on soit plutôt fan de webOS ou de Tizen OS, force est de reconnaître que la V8 du système TV de Google se comporte ici très bien.
Saluons par ailleurs le travail réalisé par Sony sur cette nouvelle génération de télé. Une pression sur le bouton « paramètres » de la télécommande ouvre désormais une nouvelle barre de raccourcis offrant un accès direct à plusieurs fonctions.
Raccourcis qu’il est d’ailleurs possible de configurer en fonction de ses habitudes et besoins. Il était temps que Sony apporte un tel petit plus qui rend l’utilisation du téléviseur plus agréable au quotidien. D’autant qu’ici le super moteur de ce XG95, alias le processeur X1 Ultimate, fait vraiment la différence par la réactivité qu’il procure à l’interface, mais aussi par ses capacités de traitement vidéo.
Prêt à prendre une claque ?
La définition d’une dalle ultra HD étant de 3840 x 2160 pixels, ce sont 8,3 millions de pixels (environ) qui se répartissent l’espace de la dalle. Et plus l’écran est grand, moins la densité de point par pouce est élevée. Forcément sur un 75 pouces, on pourrait redouter que certains effets désagréables polluent l’image.
Rassurez-vous, il n’en est rien. Vraiment. Avec un contenu ultra HD, que ce soit via une galette Blu-ray ou un simple contenu Netflix ou Amazon Prime Video, le rendu est saisissant de netteté. Et pourtant, le débit de l’image n’est ici que d’environ 15 Mbit/s sur Netflix.
La dalle n’est jamais vraiment prise en défaut
C’est d’autant plus impressionnant avec une série, cette fois-ci en Full HD, où même les scènes rapides, riches en explosions et grosses variations de contraste, sont gérées sans gros défauts apparents. Le processeur X1 Ultimate réalise là des traitements vidéo d’une efficacité redoutable la dalle n’est jamais vraiment prise en défaut. Outre la qualité de l’upscalling qui permet d’atteindre une belle qualité d’image même lorsque l’on regarde la TNT, ce qui nous a le plus impressionnés ici concerne le traitement des aplats de couleurs.
Chez Sony, la technologie qui gère cela s’appelle le « Super Bit Mapping » (SBM) et elle a visiblement progressé d’un cran encore sur ce téléviseur LCD. Sony nous explique que même si la source vidéo est de type 8 bits, elle est traitée par le processeur pour l’améliorer jusqu’en 14 bits pour l’afficher ensuite sur cette la dalle 10 bits native. Le résultat est étonnant, un beau ciel bleu ne montre pas d’effet désagréable de graduation de couleurs qui se matérialisent parfois par des arcs de cercle à l’image — on vous l’accorde, ces défauts sont désormais globalement bien maîtrisés par les télés haut de gamme.
Une excellente qualité d’image, quel que soit le programme, même s’il convient de dire que celle-ci reste tout de même un cran en retrait des QLED à gamme équivalente en matière de puissance lumineuse.
Pour autant, même dans une pièce baignée de lumière, tout va bien, voire tout va vraiment très bien si on fait le nécessaire pour alimenter ce téléviseur avec des contenus de qualité. En effet, rappelons que le XG95 est compatible avec les sources HLG, HDR10 et Dolby Vision. Ces modes s’activent automatiquement sitôt que la source est identifiée comme étant compatible. La théorie veut alors que le rendu de l’image soit la plus fidèle des exigences du réalisateur d’un film ou d’une série. Rappelons d’ailleurs que Sony propose dans ces menus un « Netflix calibrate mode » qui, lui aussi, a été créé en partenariat avec certains réalisateurs pour obtenir un rendu au plus proche de l’original de post-production.
Pour les contenus où tout va plus vite, là aussi Sony a une réponse à apporter. Lorsqu’il s’agit de sport, sans que vous le sachiez, c’est la technologie X-Motion Clarity qui entre en jeu. Celle-ci se charge de travailler la fluidité de l’image pour que l’œil soit toujours chouchouté. Et ça fonctionne ! À l’occasion d’un match de sport retransmis sur la TNT, nous avons pu apprécier la fluidité et la précision de l’image… en tout cas autant que le permet ce flux de restitution vidéo.
En immersion dans les jeux vidéo
Vous ne serez pas surpris aussi d’apprendre que ce téléviseur se comporte très bien avec une console de jeu vidéo. Connecté à une PS4 Pro faisant tourner God Of War, il est vraiment impossible de bouder son plaisir — à moins de détester le jeu.
Toutefois, sur ce sujet spécifiquement, nous sommes aussi impatients de tester la nouvelle génération de QLED qui intègre le « Real Game Enhancer ». Il s’agit d’une technologie capable de déboucher certaines zones très sombres des jeux. Pour en avoir eu une démonstration, ce traitement peut clairement être assimilé à de la triche tant elle favorise le joueur (notamment pour le jeu en ligne) qui en dispose.
Des mesures qui confortent le ressenti
Après une multitude de mesures, notre sonde confirme notre ressenti : ce Sony KD-75XG95 est vraiment bien calibré. Nous ne nous attarderons pas sur le mode « standard » qui, s’il convient très bien pour regarder des émissions de télé, affiche une dominance du bleu qui rend l’image un rien trop froide. En tout cas, c’est ce qu’on constate lorsqu’on bascule en mode cinéma.
Sous ce mode, la fidélité des gris est excellente (1,79) et le Delta E de seulement 2,31 montre que vos yeux ne devraient pas faire la différence entre ce qu’affiche la dalle et ce qu’envoie la source (ce qui est généralement considéré en dessous de 3). Bref, en matière de fidélité des couleurs, c’est vraiment très bon.
L’autre bonne surprise révélée par notre sonde concerne la restitution de l’espace DCI-P3 qui est vraiment très bonne, malgré une légère faiblesse sur les teintes de vert. De manière globale, cette dalle Sony présente les mêmes tendances que les autres dalles calibrées par le constructeur japonais. Ainsi, la température des couleurs est au-delà des 6500 K de référence, avec un blanc à environ 6900 K.
Les plus exigeants — et les plus patients aussi — pourront sérieusement peaufiner le rendu de l’image en passant par le mode expert et en abaissant un peu cette dominance de bleu. Mais très honnêtement, la qualité de la dalle est telle que ce serait un peu « chipoter pour pas grand-chose ». À vous de voir.
Nous avons mesuré un très bon taux de contraste en mode cinéma puisqu’il atteint les 3750:1 avec l’espace colorimétrique DCI activé dans les options du téléviseur. Mais nous recommandons toutefois de laisser ce réglage en automatique. Le téléviseur fera les bons choix. En tout cas, en automatique, notre sonde montre que le taux de contraste redescend à 3260:1, mais c’est au profit d’un rendu plus doux et plus exact des couleurs.
Côté luminosité Sony n’envisage pas de battre des records ou de sombrer dans la rivalité marketing. Selon nos mesures ce XG95 se limite à une luminosité de 1075 cd/m² lorsqu’on lui affiche une mire blanche occupant 10 % de la dalle. On est loin donc des résultats obtenus avec les derniers téléviseurs Samsung, par exemple, qui dépasse les 2000 cd/m². Pour autant, à l’usage, tout va bien sur ce Sony.
À l’occasion de nos mesures, nous avons également pu constater que le rétroéclairage Full LED de la dalle (Sony ne communique pas le nombre de zones lumineuses) manque quelque peu d’uniformité. Heureusement cela ne concerne que les coins de l’écran et cela ne se ressent pas avec l’image d’un film, par exemple.
Enfin, notons que notre sonde dédiée à la mesure de l’input lag (qui mesure le décalage entre le moment où la prise HDMI reçoit le signal et le moment où la dalle l’affiche) accuse une latence de seulement 15 ms. Une excellente valeur qui le place parmi les meilleurs du marché.
Un système audio qui met un peu d’ambiance
Chez Sony on connaissait l’Acoustic Surface sur les télés OLED, il faut désormais compter sur l’Acoustic Multi-Audio sur cette série XG95. À la différence de l’Acoustic Surface qui fait vibrer la dalle OLED pour diffuser le son, l’Acoustic Multi-Audio exploite quatre haut-parleurs à l’arrière du châssis : deux twitter en haut et deux médiums en bas. Une sorte de pirouette technique qui fait son petit effet lorsqu’on tend bien l’oreille. Le son n’est plus seulement diffusé par le bas du téléviseur, mais « de partout ».
Pour autant le son n’est pas exceptionnel. Il est globalement convenable lorsqu’on regarde un film, une série, ou une émission télé. Pour les concerts, c’est autre chose. Sony prévoit évidemment plusieurs modes de réglages, mais certains poussent parfois les préréglages un peu trop loin.
Par exemple, le mode musique abuse l’effet de spatialisation qui n’est pas toujours très agréable. Le mode cinéma apporte lui aussi son effet de reverb qui ne colle pas à tous les types de contenus. Dernier mode, le Dolby Audio qui est sans doute le plus « passe partout ». Bref, il est possible d’y trouver son compte, mais nous aurions apprécié que Sony soigne un peu plus cette partie de son téléviseur haut de gamme.
Heureusement, Sony donne la main sur toutes les options de réglages possibles pour tenter d’optimiser un peu tout ça. Ce qu’il en sortira ne sera pas franchement magique, mais en jouant de l’égaliseur et de l’effet Surround, on peut espérer des réglages personnalisés plus flatteurs pour l’oreille de chacun.
Google Assistant, Alexa et bientôt AirPlay 2
Depuis l’année dernière, Sony a intégré des micros dans le bas de la dalle permettant d’utiliser Google Assistant sans avoir recourt au micro logé dans la télécommande. Ce dernier est toujours là, mais le confort procuré par ce « kit mains libres » est tel qu’on n’utilise plus que ça.
Avis à ceux qui se sentiraient (encore plus) espionnés, il est possible de les désactiver. Si vous n’avez rien contre, alors ce téléviseur Sony peut en partie se piloter à la voix (monter le volume, changer de chaîne, lancer une série sur Netflix, connaître la météo, l’info trafic, etc.), mais aussi interagir avec vos équipements connectés compatibles. Dans notre configuration de test, nous utilisions la télé pour allumer et éteindre nos ampoules connectées de différentes marques.
La nouveauté c’est l’arrivée d’Alexa dans l’univers d’Android TV. Attention toutefois, les interactions avec l’assistant d’Amazon fonctionnent uniquement si vous disposez déjà d’une enceinte connectée compatible Alexa.
C’est en effet à elle que vous vous adresserez pour piloter quelques fonctions du téléviseur. Après avoir configuré la skill Sony Android TV dans l’application mobile Alexa (l’opération est très simple à réaliser) il est possible de monter, baisser ou choisir un niveau de volume, éteindre ou allumer, ou encore de lancer la lecture d’un fichier multimédia visionné sur le téléviseur. Des fonctions minimalistes comparativement à celles de Google Assistant.
Et la consommation électrique alors ?
Quoi qu’il en soit, de la même manière qu’une enceinte connectée consomme de l’électricité en permanence, le fait de laisser les micros de la télé en veille, impacte la consommation électrique de la télé. En l’occurrence, nous avons mesuré 27,7 watts lorsque la dalle est éteinte, mais les micros prêts à réagir au moindre « OK Google ». C’est énorme en comparaison de la consommation d’une enceinte connectée classique. Par exemple, notre Echo Spot (intégrant pourtant un petit écran LCD) ne consomme que 2,5 watts en permanence. En revanche, une fois la reconnaissance vocale désactivée dans les options du téléviseur, la consommation en veille chute à 0,3 watt.
Enfin, lorsque l’on regarde un programme, la consommation électrique peut varier du simple au double. De 150 watts (environ) lorsque l’on regarde un programme TV à plus de 300 watts sous certains films. Pas de surprise, une telle dalle aussi grande et aussi lumineuse, ça consomme. Si vous êtes sensibles à cette économie — c’est aussi faire un geste pour la planète — pensez à laisser le capteur de luminosité ambiante activé. Il se chargera d’ajuster le rétro éclairage sans que vous en pâtissiez vraiment sur la qualité. C’est aussi un bon moyen d’éviter la fatigue oculaire lorsque vous regardez un film dans la pénombre.
Prix et disponibilité
La Sony XG95 est d’ores et déjà disponible chez les revendeurs à partir de 1799 euros pour le modèle 55 pouces. On la trouve par exemple à ce prix chez Boulanger et la Fnac. Les modèles 65 et 75 pouces ne sont pas encore disponibles pour le moment. Comptez cependant 4300 euros pour ce dernier.