Sans crier gare, Apple a récemment lancé de nouveaux AirPods. Les écouteurs sans fil et leur petit boitier blanc avaient suscité scepticisme et moqueries à leur présentation en septembre 2016. Deux ans et demi après, ils sont partout. Comment ? Pourquoi ? Peut-être juste parce qu’on s’y est fait.
Et Tim dessina les AirPods 2
Une semaine avant son événement « stars et paillettes », Apple a vidé ses stocks de produits à venir. Pour clarifier le message et ne pas induire les journalistes en erreur : il n’y aurait aucune annonce matérielle. De nouveaux iPad le lundi, de nouveaux iMac le mardi. Et le mercredi, Tim Cook dessina les nouveaux AirPods, et les AirPods 2 furent. Juste à temps pour les acheteurs des premiers commercialisés début 2017 : leurs batteries commençaient à souffrir. Tout était alors possible. « Tim Apple » allait-il dessiner un AirPower qui se matérialiserait par magie ? Pour rappel, les AirPods rechargeables par induction étaient déjà promis en même temps que la mythique plaque chauffante, qui demeurera finalement à jamais aux abonnés absents.
C’est quoi ces tiges dans tes oreilles ?
Sur ces AirPods 2, il n’y a pas grand-chose à dire. Ce sont les mêmes, avec une nouvelle puce à l’intérieur, une prise en charge de « Dis Siri » et une latence réduite. Si peu en fait qu’on est à peu près sûr qu’ils étaient dans les cartons depuis de nombreux mois.
Non, ce qui est intéressant, c’est la réaction suscitée par ces nouveaux AirPods. Car il s’est produit, depuis leur commercialisation, un phénomène inattendu : les utilisateurs d’iPhone sont devenus accros à ces écouteurs. Ceux dont on se moquait, ceux qu’on avait presque peur de porter au début, sous les regards de jugement des autres. Quoi, j’ai deux grosses tiges blanches qui dépassent de mes oreilles, et vous ça va ?
Alors vous me direz « Mais qu’est ce qu’ils ont de si moche, ces AirPods ? ». C’est vrai : ce ne sont que des EarPods dont on a coupé le fil. Pas tout à fait : par rapport aux écouteurs filaires, leurs tiges qui abritent la batterie sont beaucoup plus épaisses, d’où le malaise initial. Cela dit quand on voit l’autonomie des premiers modèles vendus deux ans après, encore heureux qu’ils aient cet embonpoint.
Les miens sont toujours en assez bon état pour tenir la route : je les ai achetés en août 2017. Le chronomètre de « l’obsolescence programmée » ne m’a pas encore frappé, direz-vous. Et je l’avoue volontiers, en tant qu’utilisateur d’iPhone, ce sont devenus de loin mes écouteurs préférés au quotidien, malgré leurs défauts. Parce qu’ils fonctionnent, parce qu’ils balancent sans accroc d’un iPhone à un iPad ou une Apple Watch, parce qu’ils ont un son qui me suffit dans le contexte dans lequel je les utilise, et parce que finalement, je me trouve beaucoup plus idiot quand je tente de démêler des écouteurs filaires.
J’ai même tenté de les utiliser avec Android mais franchement, si on se surprend initialement à pouvoir faire plus de choses avec qu’on pourrait le penser, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Surtout maintenant que les alternatives en écouteurs « vraiment sans fil » sont multiples.
Une leçon d’humilité ?
Et comme beaucoup de gens se sont probablement dit la même chose, et qu’Apple a réussi à faire faire le deuil de la prise jack à ses utilisateurs, on se retrouve dans cette situation où quelque chose qui paraissait absurde est aujourd’hui omniprésent. C’est assez ironique d’ailleurs. D’habitude, les rois du sarcasme méprisant et de la police du bon goût, ce sont plutôt les Apple fans : LOL, ces gens avec des téléphones géants, MDR les touristes qui prennent des photos avec leur tablette.
Mais au-delà du produit lui-même qui vaut ce qu’il vaut, cela pose la question de ce moment où ce basculement s’opère, et où on trouve ça normal. Et ce qu’on s’est dit il y a deux ans pour les AirPods, on se le dira peut-être demain pour les lunettes à réalité augmentée.
Certains ont trouvé les Google Glass grotesques. Personnellement ma très courte expérience ne m’a pas permis de dépasser le côté Terminator de la chose. Mais maintenant que Huawei nous ressort des lunettes connectées (dont les verres n’ont rien de futuriste cela dit) et avant qu’Apple, Samsung, Google ou un autre ne lui embrayent le pas, on ferait peut-être bien de ne pas trop se moquer. Dans 5 ans, on en portera peut-être une paire !