Suite à mon test, j’ai pris en longue durée le Huawei P20 Pro afin de l’observer vieillir dans le temps et vous donner un verdict plus complet. Résultat des courses ? Ce téléphone est le meilleur que j’ai pu utiliser jusque là.
Le Huawei P20 Pro. Passé entre mes mains lors de notre test complet du téléphone, il m’avait laissé une très bonne impression confirmée par une très bonne note.
Malgré tout, on connaît le constructeur chinois et son interface EMUI : il n’est pas rare que la recette se gâte après quelques mois d’utilisation. C’est pourquoi je l’ai pris en test longue durée, de manière à pouvoir rapporter le moindre problème survenant à la longue. Voici mes observations après l’avoir utilisé au cours des 7 derniers mois en tant que téléphone principal.
Pour une encoche qui s’efface
Le Huawei P20 Pro faisait partie des premières générations de téléphones Android à intégrer une encoche. À sa sortie, c’était donc naturellement un point sur lequel de nombreux lecteurs n’étaient pas heureux, et auquel nous faisions particulièrement attention.
La tendance a changé en quelques mois sur le marché, la surabondance d’encoches forçant une adaptation rapide à cette nouvelle esthétique. Entre temps, le Huawei P20 Pro n’a pas changé et est toujours celui qui a l’une des plus petites encoches disponibles sur Android (si l’on ne compte pas les solutions comme l’Essential Phone). À l’utilisation, c’est à peine si je la remarque encore tant elle disparaît, sans même avoir configuré le téléphone pour qu’il la cache.
Surtout, je ne me suis pas lassé du téléphone. Si l’esthétique du OnePlus 5T a fini par ne rien représenter pour moi, l’appareil se mêlant dans la foule, le dos bleu et les courbes du P20 Pro continuent de me séduire… quand j’arrive à les voir sous la montagne de traces de doigts que récupère le verre du dos. Ses tranches arrondies sont toujours aussi agréables, et le P20 Pro toujours aussi confortable qu’au premier jour : un véritable régal à utiliser.
Il existe un bémol toutefois : le placement du lecteur d’empreintes. Je l’utilise pour naviguer sur l’interface, voulant libérer au maximum l’écran, et il faut bien avouer qu’il est un peu trop petit pour le faire avec le confort qui convient pour une utilisation aussi répétée. Je ne suis, et n’ai jamais été, pour le lecteur d’empreintes à l’avant, et quand bien même je m’y suis fait, je me vois souvent espérer qu’il eût été au dos même 7 mois après.
C’est là le seul souci de design un brin frustrant que j’ai pu avoir au cours de cette expérience. A contrario, son écran me régale toujours autant pour regarder mes vidéos tranquillement dans mon lit. Il ne manquerait qu’une chose pour rendre tout cela bien meilleur : des haut-parleurs frontaux.
En l’état, ces deux grilles haut-parleurs en bas du téléphone sont toujours aussi facilement bouchées naturellement en mode paysage, et je me retrouve toujours à devoir prendre le Huawei P20 Pro en coupe dans mes mains pour réorienter le son. Le son sortant par le haut-parleur d’écoute n’est pas assez puissant pour convenir. Un « problème » commun que je rencontre avec tous les smartphones utilisant cette disposition, qui ne correspond pas à mon utilisation.
Ah, si : j’ai fissuré le verre de mon écran en loupant ma poche et en faisant chuter le téléphone directement vers le coin de ma table à manger. Un téléphone fragile ? Difficile à dire, puisque mon exemplaire de test (renouvelé suite à un vol) a clairement connu d’autres mains que moi et n’était pas au top de sa forme d’entrée de jeu.
De plus, c’est probablement le smartphone que j’ai le plus fait chuter de ma vie (j’ai battu mon record personnel de maladresse), et il ne s’en est tiré qu’avec cette seule casse et quelques égratignures au dos uniquement visibles en pleine lumière (et dont certaines étaient déjà là en le récupérant).
EMUI reste à améliorer
Lorsque j’ai réalisé le test, le Huawei P20 Pro disposait d’Android 8.1 Oreo avec EMUI 8.1 et le patch de sécurité de mars. Sept mois après, il dispose d’Android 8.1 Oreo, avec EMUI 8.1, et le patch de sécurité d’août. Malgré tout, il a tout de même connu 3 à 4 mises à jour sur ce temps, dont la première a corrigé les quelques petits bugs logiciels rencontrés dans un premier temps et une autre a ajouté le GPU Turbo. Pas un suivi exemplaire, mais tout de même assez réactif pour ne pas être pointé comme un défaut.
Comme tous les smartphones que je n’ai jamais possédés, j’ai immédiatement apposé le launcher le plus proche des smartphones développés par Google. Google Now Launcher n’étant plus, c’est au Pixel Launcher que je fais confiance désormais. De quoi retrouver une expérience plus proche du stock, et pallier le problème récurrent de EMUI : son design.
EMUI m’apparaît toujours aussi vieillot qu’au premier jour, et la boutique de thème n’aide en rien à résoudre cela. Au moins peut-on mettre un pack d’icône pour retrouver la majorité du stock, mais la personnalisation de la barre de notification que réalise le constructeur m’apparaît toujours aussi épaisse et grossière. Cela m’a d’ailleurs conduit à me forcer à me limiter à 5 raccourcis système, pour être sûr que le volet ne se déploie jamais entièrement.
Malgré cet aspect purement esthétique, je dois avouer que j’aime aussi l’interface pour les nombreuses options qu’elle offre. Si superflues qu’elles puissent paraître au premier abord, il m’est arrivé d’en activer certaines après de longs mois comme celles liées à la reconnaissance faciale. Il est extrêmement jouissif de pouvoir juste lever son téléphone et le déverrouiller automatiquement sans aucun appui, ce qui m’est très utile lorsque je stationne le Huawei P20 Pro dans un dock. Tout semble possible selon les types d’utilisation, mais quelques fonctionnalités viennent parfois se mettre en travers de notre chemin lorsqu’on ne les a pas désactivées.
Reste un bug agaçant qui n’a jamais trouvé de solution au cours de ces 7 mois : depuis la mise en place du RGPD, mon téléphone m’indique par le biais d’une notification apparaissant chaque jour que je dois mettre à jour mon compte Cloud Huawei… que je n’ai jamais créé. À l’appui, la notification n’amène à rien et ne disparaît jamais. Un détail ridicule, mais tout de même un poil étonnant pour un smartphone si haut de gamme.
Pas de 7nm, pas de problème
Le Huawei P20 Pro s’équipe du Kirin 970 et de 6 Go de RAM, une configuration qui est devenue bien plus accessible entre temps. Elle pourrait même paraître un peu palote face aux Snapdragon 845 et Apple A12 Bionic de ce monde, puisque moins puissante sur les benchmarks et aujourd’hui très répandue.
Malgré tout, elle ne m’a jamais fait défaut sur cette période qui a tout de même connu la sortie de PUBG Mobile, mais aussi Fortnite, deux jeux relativement gourmands pour l’espace mobile. Le dernier plus précisément, sûrement le jeu mobile le plus consommateur de ressources au monde, tourne très bien sur le Huawei P20 Pro.
En 7 mois, je n’ai donc jamais connu d’utilisation où je ressentais les limites du téléphone. Naturel pour un smartphone haut de gamme me direz-vous, mais avec une telle actualité… ce n’était pas forcément garanti.
Mon Huawei P20 Pro a également connu un été caniculaire, période lors de laquelle de nombreux smartphones chauffent à la moindre occasion étouffés par l’air ambiant. Il n’a pourtant pas tant changé et est resté à une température tout à fait convenable, pas plus chaud au touché que les autres appareils m’entourant. Pour avoir connu le Snapdragon 810, je peux vous dire que c’était un grand changement.
Il n’existe qu’un contexte où mon Huawei P20 Pro connaît la chauffe : à l’utilisation intensive du GPS dans un endroit (tristement, ma chambre) où capter le Wi-Fi comme la 4G demande à n’importe quel appareil de jouer les jongleurs de cirque. Elle reste pourtant bien dissipée sur l’intégralité de la surface du téléphone, empêchant une détérioration de la prise en main. Sorti de ces conditions très particulières (et extrêmes), je n’ai jamais eu à me plaindre du SoC.
Moi, photographe
Le triple capteur photo du Huawei P20 Pro était évidemment son plus grand argument. Je lui ai mis 10/10 à sa sortie, et suis heureux de rapporter que je considère toujours cette note méritée 7 mois après : si le Galaxy Note 9 fait de très belles photos, je préfère subjectivement le traitement et la liberté offerte par le P20 Pro.
Changer de téléphone est souvent devoir s’habituer à contrecœur à une nouvelle interface et de nouvelles fonctionnalités. Ici pourtant, le Huawei P20 Pro n’a fait qu’influencer positivement mes usages, au point de modifier mes attentes pour un appareil futur. Par sa versatilité et ses résultats toujours excellents qu’importent les conditions de prise de vue, le Huawei P20 Pro a fait naître en moi des instincts de photographe du dimanche dont j’ignorais jusque là l’existence.
Je n’ai jamais autant pris de photos que depuis que le Huawei P20 Pro est dans ma poche. C’est un fait. Il faut dire qu’étant plus noctambule que la moyenne, il est rare qu’un smartphone puisse me suivre dans mes pérégrinations. C’est peut-être là le point le plus important pour moi : mes photos sont enfin devenues… jolies, ou du moins exploitables tout bêtement, grâce à ce qu’apporte le triple capteur photo.
Je crois cependant m’être habitué au traitement automatique de l’intelligence artificielle, que je soulignais déjà dans mon test. Passé le premier choc, il faut dire que rares ont été les instants où je l’ai désactivé. Bien que le rendu final soit proche d’un filtre Instagram, je ne peux pas non plus nier que… j’aime, 99% du temps, le rendu que m’offre le Huawei P20 Pro. Il n’existe finalement que deux points sur lesquels « je ne suis pas d’accord avec elle » (oui, je m’engueule avec l’IA à la maison) : son rendu des ciels, toujours trop bleus, et des plantes, toujours trop vertes. Une petite désactivation, et tout va bien.
Purement en tant que journaliste, le Huawei P20 Pro est également le meilleur appareil photo que je pouvais demander. Ses zooms x3 et x5 facilement accessibles et sans pertes sont une pure bénédiction dès lors que l’on doit réagir très rapidement à une présentation. Mon confort en cours de livetweet n’a jamais été aussi grand. Attention cependant, c’est aussi dans ce genre de contexte que l’IA m’a le plus joué des tours, en essayant de scanner un document quand je prends juste en photo pendant une conférence, avec une diapositive un peu trop blanche.
Tout n’est pas totalement parfait donc. Mais le Huawei P20 Pro a tellement fait en positif pour mon utilisation que je lui pardonne très aisément ses défauts : c’est l’appareil photo le plus simple, le plus ludique aussi, et avec le meilleur traitement que je n’ai jamais utilisé. Je l’adore, vraiment.
Que trépasse si je faiblis
Avec sa batterie de 4000 mAh, le Huawei P20 Pro avait impressionné sur notre test Viser personnalisé, mais aussi à l’utilisation. Hélas, c’est aussi souvent sur ce point et par le biais des mises à jour constructeurs que les smartphones ont tendance à faiblir dans le temps.
Que nenni pour le dernier modèle de Huawei, bien au contraire. Il fait partie de ces smartphones qui font oublier le concept même d’être à court de batteries. Pour vous donner un ordre d’idée, je le laisse toujours charger la nuit et le débranche vers 8h30. J’écris ces lignes à 16h34, et il dispose toujours de 89% de batterie malgré mon utilisation répétée sur la journée.
Plus général encore, je ne suis jamais parti rejoindre mes amis après le travail, aux alentours de 19h00/30, sans moins de 75% de batterie grand minimum… et ce sans le recharger dans la journée bien sûr. Je finis mes journées à traîner dans mon lit une heure ou deux sur Twitter et YouTube, et branche généralement mon smartphone alors qu’il lui reste entre 30 et 40% de batterie.
Tout cela est dans un cadre où je prends des photos toute la soirée, utilise Google Maps pour me repérer dans un Paris toujours aussi nébuleux pour moi, et subis le métro avec mon casque en Bluetooth et Play Musique faisant tourner mes sons préférés pendant que je rafraîchis mécaniquement mon fil Twitter. Quand il ne s’agit pas de devoir rentrer en Uber à la fin de la soirée, bien sûr.
Bref, de mon rythme le plus effréné à mes journées les plus calmes, je n’ai jamais eu m’inquiéter de l’autonomie de mon téléphone. Et lorsque c’est le cas, comme quand j’oublie par exemple de brancher mon smartphone le soir, je n’ai qu’à le brancher trente minutes avant de partir pour être sûr d’avoir assez de jus pour continuer mes déambulations.
Si je ne saurais pas vous pointer du doigt un exemple où le Huawei P20 Pro m’a fait une frayeur, c’est tout simplement parce qu’il n’existe pas. Malgré les soirées, malgré les voyages, malgré les salons, les livetweets, les sessions de jeu, je n’ai tout simplement jamais réussi à l’essouffler.
Une idylle qui perdure
Le Huawei P20 Pro avait fait forte impression à sa sortie. Sept mois plus tard, cette première impression réussie s’étoffe d’un véritable coup de cœur personnel pour cet appareil.
EMUI est toujours aussi vieillot, le placement du lecteur d’empreintes n’était peut-être pas finalement si pertinent, mais voilà : lorsqu’il s’agit-là des deux seuls points négatifs que l’on peut vraiment retirer d’un test longue durée, c’est en soi très parlant.
Le Huawei P20 Pro est un téléphone qui a réussi à influencer positivement mon utilisation d’un smartphone, alors même que celle-ci reste très basique dans l’absolu. Il a fait naître en moi des envies de photographe du dimanche comme jamais, et est devenu pour ce faire mon meilleur compagnon au quotidien.
On a pu observer à quel point le constructeur chinois a réalisé un grand coup avec son triple capteur photo sur le marché, du simple fait que ses compétiteurs l’ont ou s’apprêtent à le copier. Je peux au moins rapporter qu’à l’utilisation, on le ressent et continue de le ressentir : sans jamais s’essouffler, le Huawei P20 Pro met en avant une utilisation à une cadence qu’il sait qui plus est maintenir. Il est un véritable bonheur à utiliser au quotidien, que ses maigres défauts n’arrivent jamais à faire faiblir.